Littérature espagnole - Siècle d'Or
| Exposición del Libro de Job de Luis de León
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Dernière œuvre en prose connue de Luis de León, l’Exposición del Libro de Job a été publiée en 1779, grâce au Père
Morino, soit près de deux siècles après la mort de l’auteur. Poète et religieux, Luis de León (1527-1591) a d’ailleurs connu
des démêlés avec l’Inquisition pour ses commentaires des textes bibliques, ce qui peut expliquer la publication posthume.
Mais l’œuvre, restée inachevée, a été terminée par un bon imitateur du frère Luis, le moine Diego Tadeo González
(1732-1784).
Livre de l’Ancien Testament appartenant à la tradition sapientiale et rédigé au Ve siècle avant Jésus-Christ, Le Livre de Job
est constitué par le récit des malheurs d’un homme, éprouvé par Satan, mais qui reste indéfectiblement attaché à sa foi.
L’Exposición del Libro de Job de Luis de León est donc une traduction en castillan du texte hébreu. La préoccupation de
capter toutes les nuances de l’œuvre originale a conduit l’auteur à recourir à la traduction littérale. Il offre surtout un
commentaire ascétique, s’appuyant sur les autres livres (La Bible, L’Evangile selon Saint-Mathieu, les Epîtres de
Saint-Paul), enrichi de citations d’autres auteurs profanes, classiques ou contemporains de l’auteur, et chaque chapitre
commenté se termine par une paraphrase en vers. D’une certaine manière, le livre permet de mettre en relation l’expérience
de Job avec celle que l’auteur a faite en prison, sur l’ordre de l’Inquisition. C’est peut-être là qu’il faut en trouver la genèse.
Mais un autre fait reste discutable : il aurait écrit cette œuvre à la demande de la mère Ana de Jesús, amie et successeur de
Sainte Thérèse dans l’Ordre carmélite.
Après tant d’autres dont Saint Grégoire, il se pose le problème du juste souffrant, de la résignation du personnage biblique. L’Homme, qui n’est rien, se soumet totalement à la volonté de l’Eternel qui, à son tour, permet à l’homme juste d’atteindre
une plus grande perfection. L’œuvre tente d’apporter à l’humanité une explication sur le mystère de la douleur ainsi qu’une
méditation sur l’obscurité de la foi.
Si la composition du livre a demandé une vingtaine d’année – ce qui semble expliquer que le texte soit l’un de ses moins
unitaires –, le choix de la langue castillane – et non du latin cultivé pour la traduction – provient de l’influence des idées de la
Renaissance, ce qui sous-tend néanmoins l’adoption d’un rigoureux critère de sélection dans le vocabulaire.
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