Littérature espagnole - Siècle d'Or
| El alcalde de Zalamea (1651) de Pedro Calderón de la Barca
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Classé parmi les comédies dramatiques d’histoire et de légende
espagnole, El Alcalde de Zalamea permet à Calderón de la Barca
d’écrire l’une de ses œuvres les plus représentatives et
d’atteindre de grandes performances dans une pièce à l’atmosphère
populaire.
Le premier Alcalde de Zalamea aurait été représenté
pour la première fois le 12 mai 1636 et écrit avant 1610, date
assez proche de celle du déroulement des événements (1580-1581).
La première publication de l’Alcalde de Zalamea de Calderón remonte
à 1651 sous le titre original de El garrote más bien dado.
L’intrigue
est la suivante :
Pendant la conquête du Portugal, le capitaine D. Alvaro de Ataide loge
chez Pedro Crespo, brave paysan de Zalamea. En l’absence de son hôte,
le capitaine porte atteinte à l’honneur de sa fille Isabelle, l’enlève
puis l’abandonne. Elu maire du village, Pedro Crespo exige la réparation
de l’outrage par le mariage. Face au refus du capitaine, un procès est
dressé et l’exécution du capitaine est ordonnée. Le général
D. Lope de Figueroa réclame le prisonnier et s’apprête à
incendier le village. Considérant qu’un tribunal de guerre aurait émis
la même sentence, le roi Philippe II approuve la conduite de Pedro
Crespo et décide de le nommer maire du village à vie.
Dans cette comédie en vers, l’exposition et la censure des excès
commis par la soldatesque dans les foyers sert au fil argumentaire qui met en
valeur l’honneur populaire protégé par le monarque.
Aussi, le conflit juridique semble-t-il reléguer au deuxième
plan le conflit passionnel dans le déroulement de l’action. Il se consolide
une lutte entre la juridiction municipale et le pouvoir (libertés et
privilèges) de la milice, un conflit entre loi morale et loi de l’état,
résolu par l’intervention du roi.
Le maire n’ayant aucune autorité sur le capitaine, la nomination de «maire à vie» semble solutionner le problème de compétence
juridique posé par la condamnation d’un militaire par un civil. Pour
l’époque, la reconnaissance de la justice populaire sous les aspects
d’une «autonomie municipale» repose sur un sujet novateur et moderne.
Le libéralisme espagnol du XIXe siècle a d’ailleurs considéré
la pièce comme un type représentatif des anciennes libertés
castillanes, et ceci à plusieurs niveaux. On trouve, dans le personnage
atypique de Pedro Crespo, l’incarnation du pouvoir municipal, du personnage
politique transposé dans l’image du brave peuple castillan aux coutumes
profondément enracinées, un emblème de justice et de ses
fondements. Sous les traits d’un paysan castillan aux profonds sentiments religieux,
aux mœurs austères, au caractère ferme et entier, apparaît
également le dépositaire d’une leçon historique d’une Espagne
différente de l’image que l’on a souvent donnée d’elle dans la
critique moderne, celle d’un pays en retard et esclavagiste.
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